vendredi 28 avril 2017

Vie de maker : Arrêter le making

      Ce matin, je suis tombé, en parcourant mon fil d'actualité Twitter, sur un article du site de Version fille (un jeu fait avec RPG maker) qui expliquait l'absence de nouvelles sur l'avancée du jeu depuis deux-trois ans.
      Grosso-modo, son créateur, Daheji, a été "rattrapé par le réel" ce qui l'a éloigné de la création de jeu-vidéo, ou même du jeu-vidéo en général, aboutissant à cet article annonçant qu'il y a très peu de chances qu'il finisse et sorte son jeu un jour (mais je vous renvoie à son article de peur de parler en son nom : http://versionfille.com/blog/820/quelques-nouvelles/ )




      Personnellement, je connais très peu Daheji et pareil pour son jeu, Version fille, que j'avais rapidement voulu essayer une fois mais auquel je n'avais pas vraiment accroché. Et malgré que je m'étais dit "Je m'y pencherai plus un autre jour", bah je n'ai jamais pris la peine de le faire. Pour autant, sans suivre Daheji et Version fille, c'était quand même dans ma tête un projet assez avancé (voir même presque achevé) et une sorte de "gros titre" de la sphère francophone du Jeu-vidéo amateur. Et ce, peu importe ce que l'on pense du projet.
      Le fait que la fin ne sortira jamais en jouable m'affecte peu vu que je ne comptais pas me repencher sur ce projet, pourtant cet article m'a marqué : j'ai d'abord eu envie d'en faire un Twitlonger, mais comme j'en ai jamais fait et qu'en même temps j'ai ce blog, bah ça me parait bien adapté aussi.


"Fais chier."


      C'est ce que j'ai ressenti : fais chier parce que c'est toujours chiant de voir quelqu'un arrêter le making.
      J'ai personnellement commencé y a plus de dix ans et tous ceux avec qui j'ai débuté ont totalement arrêté. Quand je retourne sur les anciens forums morts où j'officiais et que je lis les topics "Qu'êtes-vous devenus ?" y a un peu ce côté "c'était sympa cette époque, le making et tout ! Mais aujourd'hui j'ai mieux à faire".


"Mieux à faire"


      C'est sans doute maladroit et non-intentionnel de leur part, mais j'ai l'impression qu'ils dénigrent ce qu'avant ils défendaient. Parce qu'aujourd'hui, ils font "mieux".
      Je comprends que les passions changent, de même pour la manière d'occuper son temps, on a pour la plupart commencé adolescents, donc en "devenant adulte", en commençant à travailler, on garde pas la même ligne de vie et tant mieux s'ils se plaisant à faire d'autres choses aujourd'hui ! Mais des fois je ressens un peu ce côté de jugement, une sorte de "Ah, toi tu makes toujours ?" qui signifie souvent "Ah, toi tu fais pas encore mieux ? T'as pas évolué ?". Bah si j'ai évolué, mais c'est pas parce que je crée un jeu-vidéo sur RPG maker et pas sur Unity que ça veut dire l'inverse.


      Les gens qui arrêtent le making c'est courant, et ça a alimenté une légende/malédiction disant que "personne n'a jamais fini son jeu sur RPG maker" souvent alimenté par un surplus de nouveaux créateurs qui se lancent dans des projets pharaoniques sans en mesurer toute l'implication que ça demande derrière et forcément, abandonnent. Je qualifie ça de "légende" mais faut bien avouer qu'il y a une part de vrai : pensez à tous les jeux RM auxquels vous avez joué et comptez combien sont aujourd'hui finis ? Combien n'ont-été jamais été terminé ? Hé, sans faire consciencieusement le calcul, on sait d'avance que c'est la deuxième question qui va avoir le nombre le plus élevé.

      Lorsque je me demande ce que sont devenus les jeux qui m'avaient marqué lors de la session 2015 des Alex d'Or, je trouve rarement d'infos (NB : ça ne fait pourqutant qu'un an) et c'est souvent parce que le créateur a lâché son jeu et tout aussi souvent, le making avec. Alors le but de l'article n'est pas de parler du manque de motivation, de retour, ou autres raisons pouvant amener à ce constat de permanent abandon (même si ce serait intéressant de l'aborder), mais plus de parler de cette fatalité "Un jour tu abandonneras" en entendant plus bas "Comme nous".


"La vraie vie se passe. La vie d’un adulte "


      C'est les termes utilisés dans l'article de Daheji pour expliquer ce qui lui est arrivé, pourquoi il a arrêté.
      Alors je tiens à noter que c'est seulement quelques mots de son article. Article sûrement écrit en laissant libre court aux pensées qui lui traversaient l'esprit et ce serait bête de juger la personne juste là-dessus. Ce n'est pas ce que je fais ici : je ne reproche rien et n'attaque en rien Daheji ou son article, je trouvais juste que la formulation montre bien ce que je ressens parfois, que les gens pensent que making et vie adulte, ça colle moins.


      Pour de nouveau parler de moi, je suis quelqu'un qui aime beaucoup sortir : pour me balader, explorer des coins un peu perdus, pour faire de la photo, pour aller au musée, découvrir des choses, pour passer du temps avec mon entourage, mes amis et ensuite m'inspirer de tout ça pour créer mon RPG. Et je trouve que ça s'allie bien. Dans ma vie de tous les jours j'ai plutôt l'impression d'avoir "une vie d'adulte", pourtant le simple fait de continuer le making donne l'idée aux gens que je dois être un ado qui sort jamais de sa chambre.
      Il y a peu, j'ai déménagé pour venir travailler à Metz : une nouvelle vie, un nouveau rythme, bref, pas évident de retrouver du temps pour maker avec tous ces changements. Moi qui travaille sur mon jeu environ deux heures par jour, ça fait plus d'un mois que j'ai rien fait, que j'utilise mon temps libre pour faire plein d'autres choses mais pas pour maker.


      Est-ce que du coup je deviens adulte ? Est-ce que c'est à ce moment de ma vie que je suis sensé me dire "Le making c'est plus de mon âge" ?
      Parce que si on y regarde bien, tout est là : je rentre dans la "vie active" (quel terme à la con d'ailleurs, comme si avant j'étais une chrysalide qui faisait rien), j'ai moins de temps pour moi, j'ai envie de faire de nouvelles choses dans une nouvelle ville et du coup je mets le making un peu en retrait.


Du coup quoi ? ... J'arrête Luminatis ?


      Bah non, parce que y a pas de fatalisme et parce que je persiste : c'est une putain de légende, y a pas d'obligation de ne pas finir son jeu, d'arrêter le making en grandissant.
      A mes entretiens d'embauches, j'y vais avec mon CV où il y a fièrement marqué "Création d'un jeu-vidéo amateur depuis 2008" et avec mon portfolio qui montre à un moment des maps dont je suis fier. Et vous savez quoi ? Ça passe bien. Même devant des mecs qui sont clairement pas la cible de l'industrie vidéo-ludique, ça m'a jamais causé préjudice.


      Je crois que cet article est né d'une peur, d'un "Encore quelqu'un qui arrête... Et moi qui make plus depuis un mois. Est-ce qu'il va m'arriver la même chose ?".


...



Et finalement, ça a été le déclic qu'il me fallait.


      Le "Bah non, j'ai envie de continuer moi" que je recherchais. Là je vais retourner au boulot, puis revenir ce soir, ouvrir RPG maker et reprendre le travail, parce que y a encore plein de choses à faire et plein de moyens de s'épanouir à travers le making.


      Encore une fois, pas de rancune et rien à reprocher à ceux qui ont arrêté : c'est votre droit et si ça ne vous manque pas, c'est franchement cool. J'ai pas envie, en retour, de donner l'impression de juger ceux qui ont arrêté comme si c'est moi qui avait raison de continuer et eux tort d'arrêter.
      Le problème vient plus de "Pourquoi on est si peu poussé à continuer ?" mais comme déjà dit, ce serait un autre sujet.


      C'était un article réaction un peu à chaud, où j'ai également écrit ce qui me passait par la tête (en essayant de garder une réflexion construite tout de même) mais j'imagine que ça peut paraitre maladroit par endroit et également assez informe.
      Je trouvais le sujet intéressant et si ça peut motiver certaines personnes à pas abandonner malgré qu'ils trouvent moins le temps de maker, que leur entourage peut trouver cette passion "enfantine", bah j'en serais super heureux.
      En tout cas, je suis au moins content d'avoir pu mettre plutôt bien à l'écrit des pensées qui me trottaient dans la tête.

Demain y aura une news, parce qu'on reprend, parce qu'on lâche pas,
parce qu'on lâchera jamais.



Les mort-vivants se lèvent quand Luminatis crève.
Et grosse dédicace à tous les morts-nés.

5 commentaires:

  1. C'est ta stup attaque altruiste anti-médiatique ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je dirais plutôt que je suis bandé comme un arc, tendu comme une catapulte, que j'écoute le groupe culte qui refuse le monde adulte ahah

      Supprimer
  2. Salut, c'est "Zodiak". Grâce à ton article, je pense que j'ai trouvé ma vraie réponse à "pourquoi j'ai arrêté le gaming". Tout d'abord, parce que, effectivement, j'ai grandi, et que la motivation est partie petit à petit. J'avais commencé mon projet vers 13-14 ans, et je l'avais continué jusqu'à mes 15-16 ans. Forcément, ce que j'avais fais au début me paraissait trop enfantin, les dialogues étaient mal rédigées, les blagues nulles, etc. En fait, j'ai pas eu le courage que tu as eu, c'est à dire reprendre les parties dont tu n'étais plus satisfait. Et t'as tout mon respect pour avoir l'avoir fait.

    Maintenant, je suis Game Designer, j'ai réalisé quelques projets étudiants, avec des moteurs de jeu plus souples, et globalement plus performants, puissants. Je lisais ton article, et là, ça m'a frappé. "Comment j'ai pu faire tant de projets en 1 an, alors que le making me prenait tant de temps ?"
    Et je pense que la principale raison vient du genre en lui-même. RPG Maker, c'est avant tout conçu pour faire des RPG Japonais. Le problème, c'est que faire un RPG Japonais tout seul, la plupart du temps quand on est jeune, et ben c'est dur. C'est vraiment dur parce que c'est une tâche tellement immense. L'intrigue, les personnages, les maps, les dialogues, les objets, etc. C'est chronophage. Et je pense que rester accroché à un projet aussi longtemps, même s'il nous tient à coeur, c'est difficile. Le making, c'est beaucoup plus difficile qu'il n'y paraît.

    Et au final, j'ai pas pu rester accroché à mon projet comme toi t'as su le faire.

    Courage, mec ! T'as tout mon soutien.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis pas tout à fait d'accord.
      Je pense que ce que tu décris t'as amené à arrêter la création de RPG, mais ne justifie pas entièrement l'arrêt de RPG maker.

      Certes un RPG peut prendre beaucoup de temps à faire et s'avérer chronophage, mais rien n'oblige de devoir passer plus de 10 ans sur un jeu pour le finir : ça dépend de la longueur de ton histoire et de ton envie de bien faire (on peut faire des très bons RPG courts)

      C'est juste que c'est le piège en commençant de vouloir faire un truc long et perso je continue sur cette lancée parce que ça me tient à coeur. Mais si je devais commencer un autre projet aujourd'hui, je concevrais un truc plus court et qui pourrait proposer une bonne expérience de jeu sans que ça me prenne très longtemps à faire.

      De même, tester les jeux des makers autour, ça m'a permis de voir que c'est pas forcément les projets longs/compliqués qui sont les plus intéressants et y en a pas mal qui ont pas dû être long à faire et qui pourtant sont cools.

      Après certes, d'autres logs permettent de créer un jeu plus rapidement que RPG maker, mais je pense pas que le logiciel impose une création lente, c'est les créateurs qui se l'imposent tous seuls.

      Réponse un peu rapide, ça me donnerait presque envie de faire un article sur ce sujet tiens.
      Merci d'avoir lu et commenté en tout cas !

      Supprimer
    2. C'est bien pour ça que j'avais précisé RPG "Japonais" (J-RPG), ce qui n'est pareil.
      Pour le coup, de nombreux processus de dev avec RPG Maker peuvent être accéléré si tu touches un peu au scripts, je pense. Maintenant que

      Après, je suis d'accord avec toi. Les makers devraient plus souvent s'orienter vers des jeux moins long à créer.

      Supprimer