vendredi 15 septembre 2017

Vie de maker : Changer les choses avec de petits moyens

Mois d'Août 2017.

          Il semble que ce soit le retour de ce débat sur la mort des communautés de making francophones, événement qui jouit d'une périodicité annuel où les makers se regroupent pour râler du fait qu'il n'y a plus d'activité. Ironie du besoin de ce constat d'inactivité pour créer de l'activité.
          Chaque année, au retour de ces grandes discussions, je me surprends à y croire, à espérer que pour une fois, tous ces gens arriveront à aller au bout de leurs propositions qui sont censées faire renaître (ou plutôt améliorer) "l'esprit du making français". Mais les années m'ont désillusionné et je sais bien que cet élan finira par s'essouffler.
          Face à ce constat, je repense à ces projets autour du making que j'ai également imaginé sans jamais oser franchir le pas alors que j'étais persuadé de leur capacité à faire bouger les choses. Je me rends ainsi compte que je suis comme ces gens que je suis en train de critiquer.

Alors pour ne pas y penser je ferme les pages (ou "topics") que j'étais en train de lire.



C'est alors que je tombe sur une "RPG maker Jam".
Intrigué, je me renseigne et découvre
les caractéristiques de l'événement.

  • Trois jours pour créer un jeu entier en partant de rien
  • avec les ressources de base de n'importe quelle version de RPG maker. 
  • Contrainte : seul le l'environnement "donjon" est autorisé.

Je n'ai jamais fait de Jam, mais j'en ai suivi quelques-unes de loin et celle-ci pose de bonnes règles et donne envie de se lancer. Malheureusement pour moi, incompatibilité d'emploi du temps, cette Jam ne sera pas ma première.


Un jour peut-être.





J'ai continué à suivre l'événement de loin mais je m'y suis vraiment intéressé lorsque le week-end de création fut fini et qu'il fallait passer au classement de tous les projets qui ont été réalisés au cours de cette Jam.



37 projets.


En trois jours, trente-sept projets ont été réalisés,
autant que le nombre de projets d'une session du concours des Alex d'Or (qui se déroule sur un an).
Si cette Jam avait déjà suscité mon intérêt, elle avait désormais toute mon attention.


      Alors j'imagine déjà certains voulant remettre dans leur contexte le nombre de participants de cette Jam et le nombre de participants aux Alex d'Or. Alors oui, le niveau moyen des Alex d'Or est bien au-dessus de celui de cette Jam. Mais l'intérêt que je retire de cette Jam n'a rien à voir avec la qualité des productions qui en ont découlé .
      N'ayant pas pu participer à l'événement, j'avais quand même envie d'apporter ma pierre à l'édifice, alors, profitant d'une semaine moins chargée, je me suis attelé à jouer chaque soir à ces jeux en live.
Parmi ces 37 jeux, il y a de tout :



                Des jeux à peine jouable

Des jeux "concepts"       
Des jeux nommables aux Alex d'Or
          des jeux "blague"
Des jeux qui promettent                 


mais avant tout, des jeux



         En échangeant avec certains créateurs, j'ai noté que la majorité des participants voyaient en cette Jam un moyen de se prouver qu'ils étaient capables de maker : 72H pour voir si on est capable de faire quelque chose. Pour les makers plus confirmés, c'était l'occasion de tester quelque chose, d'évaluer son niveau ou de combler un manque de ne jamais terminer ses projets.
         Après le week-end de l'événement, certains makers vont continuer leur projet de Jam , que ce soit juste pour l'améliorer ou pour créer quelque chose de plus grand. D'autres vont passer à autre jeu, mais en n'oubliant pas qu'en seulement trois jours, ils ont été capable de beaucoup. Enfin, ne nous voilons pas la face, certains ont sans doute déjà rangé leur logiciel RPG maker, suite à un résultat mitigé ou parce que cette Jam était juste un oneshot pour eux.




         Alors sans parler de si les jeux sont bons ou non (je ferai bientôt un article pour vous suggérer les jeux que j'ai préféré de cette Jam), j'y ai surtout retrouvé une passion pour le making. Tout comme ce n'est pas le niveau moyen de ces jeux qui est important, ça n'est pas nombre le nombre de 37 jeux. Non, ce qui est intéressant, c'est l'effet que cela a eu sur ces 37 makers (ou groupes de makers).
         Comme vu précédemment, durant ces trois jours, des nouveaux projets RPG maker sont nés, des makers ont progressé, d'autres se sont découverts un intérêt pour ce logiciel… Bref, il y a eu de l'activité.


         Je me suis alors demandé ce qu'était devenu ces grandes discussions ayant pour but de faire renaître le making francophone. Plus rien. La motivation de ces nostalgiques de la "grande époque" s'est déjà essoufflée et reviendra peut-être dans un mois lorsque quelqu'un viendra dire "Hé, on fait quelque chose finalement ou pas ?"
         Aucun reproche à cette vieille méthode de se lancer dans de grands projets de "Respawn", j'y crois toujours et je continue de penser qu'un projet bien préparé avec une équipe motivée et constante serait bénéfique à la situation. Mais forcé de constater que l'on n'est pas toujours obligé de chercher si compliqué pour changer les choses.


Et Finalement...

         Mon bilan personnel est que j'ai l'impression d'avoir plus aidé les makers en postant des retours sur les jeux créés lors de cette Jam (retour qui ont en général fait plaisir aux makers en question (souvent débutants qui plus est)) qu'en m'épuisant à faire tourner une session des Alex d'Or qui, lors des résultats, se démarque par le manque de réactions de la majorité des gagnants, comme s'ils avaient même oublié qu'ils s'étaient inscrits au concours.
         Alors certes les communautés de making sont moins unies et productives qu'avant, mais peut-être est-ce à chacun d'entre nous de s'adapter à cette régression pour proposer des solutions à échelle plus humaine ?

Parce que finalement, simplement prendre la peine de jouer à un jeu et faire un retour à son créateur, ça permet déjà de créer de l'activité. Et pourtant, c'est assez rare qu'on le fasse.